GUY BEDOS : ADIEU, JE RESTE

Guy Bedos s’installe dans un TGV. Le train roule et l’aboyeur parle. Notre Bedos semble se surprendre lui-même à la confession, cherchant le pont entre le triste marmot qu’il fut et le fier cabot qu’il devint. Né européen d’Algérie, il est un adolescent dépressif et il fait du théâtre sur ordonnance médicale. Le grand déracinement des Pieds-Noirs lui vole le soleil d’Afrique du Nord : son premier conflit est climatique. La visite d’un théâtre le ramène à ses débuts de comédien, à ses premiers succès féminins. Casanova de la dérision, il trouve sa maîtresse en Sophie Daumier. Poupée de subversive innocence, elle est affranchie de tout tabou, alors qu’il est un anar qui traverse dans les clous. Leur duo irrésistible remporte un triomphe. Ils s’aiment, puis ils se sont aimés. Voyageur immobile au centre du carrousel de ses souvenirs, la tête lui tourne un peu et pour un peu l’eau lui viendrait aux yeux. Guy balbutie : « Mourir, c’est pas son style. » Il repart en solo et découvre par hasard son créneau d’humoriste politique. Avec sa revue de presse, il passe alors maître dans la chronique hilarante du fait politico-social. Cet esseulé d’origine n’aura eu de cesse de se trouver des compagnons de jeu. Quel plaisir de revoir Pierre DESPROGES, Michel BOUJENAH, Muriel ROBIN, Raymond DEVOS qui le défie dans un duo/duel à la Cérémonie des Molières ! Le tandem Riou et Pouchain confirme leur art du portrait libre, où l’impertinence est toujours pertinente. L’évocation du clown dell’arte ouvre et ferme ce tour de Bedos, le tour de piste intégral d’un mélan-comique, sincère jusqu’au vertige.